La liberté religieuse face au laïcisme et au fondamentalisme
Voici un extrait d’une analyse de la lettre apostolique de Benoit XVI qu’il a adressé lors de son voyage au Liban à tous les chrétiens d’orient. Analyse publiée
dans Zenit. L’intégralité de ce texte est disponible sur la table de presse de l’église.
L’explication de ce qu’il faut entendre par saine laïcité, distincte et même opposée au laïcisme, est particulièrement importante : « La saine laïcité, en revanche,
signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable
collaboration entre les deux. Aucune société ne peut se développer sainement sans affirmer le respect réciproque entre politique et religion en évitant la tentation constante du mélange ou de
l’opposition. Le rapport approprié se fonde, avant toute chose, sur la nature de l’homme – sur une saine anthropologie donc – et sur le respect total de ses droits inaliénables. La prise de
conscience de ce rapport approprié permet de comprendre qu’il existe une sorte d’unité-distinction qui doit caractériser le rapport entre le spirituel (religieux) et le temporel (politique),
puisque tous deux sont appelés, même dans la nécessaire distinction, à coopérer harmonieusement pour le bien commun. Une telle laïcité saine garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser
la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine
laïcité (unité-distinction) est nécessaire, et même indispensable aux deux » 48. Entre religion et politique, il ne devrait y avoir ni confusion ni séparation, mais unité et distinction ensemble
dans la collaboration. A cause des circonstances particulières du Moyen-Orient, il n’est pas facile de reconquérir cette vérité. « Le défi constitué par la relation entre le politique et le
religieux peut être relevé avec patience et courage par une formation humaine et religieuse adéquate. Il faut rappeler continuellement la place de Dieu dans la vie personnelle, familiale et
civile, et la juste place de l’homme dans le dessein de Dieu. Et surtout à cette fin, il faut prier davantage » 49.Le risque, naturellement, ne vient pas uniquement du laïcisme. Il y a aussi, à
l’opposé extrême, le fondamentalisme. « Les incertitudes économico-politiques, l’habileté manipulatrice de certains et une compréhension déficiente de la religion, entre autres, font le lit du
fondamentalisme religieux. Celui-ci afflige toutes les communautés religieuses, et refuse le vivre- ensemble séculaire. Il veut prendre le pouvoir, parfois avec violence, sur la conscience de
chacun et sur la religion pour des raisons politiques » 50. Chrétiens, juifs et musulmans devraient travailler ensemble afin « d’éradiquer cette menace qui touche indistinctement et mortellement,
les croyants de toutes les religions » 51. « “Utiliser les paroles révélées, les Écritures Saintes ou le nom de Dieu, pour justifier nos intérêts, nos politiques si facilement accommodantes, ou
nos violences, est une faute très grave”. » 52.