Quatrième dimanche de Pâques : Dimanche du Bon Pasteur
Homélie
« Je suis le bon pasteur, Je suis la porte » (jean 10,1-10)
Homélie de ce quatrième dimanche de Pâques :
Nous appelons communément le quatrième dimanche de Pâques, « le dimanche du bon pasteur ». Nous lisons, selon les années liturgiques, un passage du chapitre 10 de l’évangile de Jean. Aujourd’hui les dix premiers versets. Jésus est présenté à travers deux images qui se complètent : celle du « pasteur »v(du berger)vet celle de la « porte de la bergerie ». La bergerie est le lieu d’habitation du troupeau, que nous sommes, celle-ci est un refuge, une demeure, un lieu de repos après les fatigues du chemin. IL ya la bergerie de nos foyers familiaux, vous savez ? ces petites Eglises domestiques, qu’aujourd’hui, en cette période du confinement, nous sommes invités à découvrir, redécouvrir et entretenir. La bergerie c’est l’Eglise, notre Eglise particulière, notre paroisse, notre communauté, qui doit relier, rassembler, le troupeau autour du Christ, de sa Parole et de ses sacrements. L’Eglise doit prendre soin de toutes les brebis, de toutes les Eglises domestiques. Chaque Eglise domestique doit se confier à l’Eglise. La bergerie a une porte, et dispose d’un gardien. Différentes personnes s’approchent du troupeau, le voleur, le bandit, entrent dans l’enclos par une voie dérobée, le pasteur entre, lui, par la porte. C’est ce dernier qu’il faut écouter et suivre. S’instaure alors une confiance, une familiarité entre le pasteur et les brebis, par l’écoute de la voix du pasteur. Ce dernier conduit ses brebis sur « un vert pâturage », elles trouvent une vraie et bonne nourriture. Jésus est le vrai et unique pasteur, de nos Eglises domestiques, de l’Eglise communautaire.
Jésus pasteur est aussi la porte : il est la porte du salut pour toute l’humanité, en offrant sa vie : Qui le suit marchera dans la lumière, les ténèbres du péché et de la mort ne l’arrêtent pas.
Dans notre monde occidental moderne, l’image du troupeau et du pasteur, n’est plus trop présente. Je serai même tenté de dire que nous pouvons et revendiquons et savons nous passer du pasteur qu’est le Christ. Comment écoutons-nous sa voix , sa Parole ? Comment nous laissons-nous conduire par lui dans nos vies ? …
Dans la civilisation juive, la figure du pasteur était familière. Elle servait à désigner la fidélité de Dieu à son peuple. Voilà sans doutes pourquoi, Jean l’utilise et l’attribue à Jésus, qui en étant fidèle à son Père, manifeste, en sa personne, la présence de Dieu auprès de son peuple, son troupeau. Dans une histoire tourmentée, que racontent le livre de l’Exode et les prophètes, Dieu manifeste et renouvelle sa tendresse, il ramène et rassemble les hommes qui se sont perdus et dispersés et qui sont dans l’obscurité de l’Exil. Dieu fait sortir le peuple de cet exil (Ezéchiel 34) , le ramène sur de verts pâturages (Ps.22). La bête perdue est recherchée, la bête blessée est soignée. Le troupeau est invité à se laisser guider par la main de Dieu. Jésus qui est « la vérité, le chemin et la vie » (Jean 14) , se place dans ce juste sillage de l’alliance. Jésus connaît son peuple, il appelle chacune de ses brebis par son nom. Cette connaissance particulière fait naître la confiance pleine et entière.
Jésus est aussi la porte. La porte de l’Eglise. Cette dernière ne peut exister que parce que Jésus est là. L’Eglise a pour mission première d’écouter la voix du pasteur, et de suivre le chemin. On ne peut pas entrer et faire partie de l’Eglise par un autre chemin, par une autre voie dérobée. Paul emploiera une autre image pour désigner l’Eglise : celle du corps ; La tête du corps c’est le Christ et chaque membre du corps est relié à la tête qu’est le Christ.
Jésus est la porte : « Je suis » : le Je suis de la révélation de l’Exode, la révélation du Nom de Dieu, du Dieu qui sauve l’homme et le libère. Jésus est la porte, l’ouverture entre Dieu et les hommes, en tant que Parole incarnée, il conduit chaque homme à la connaissance et à la vérité de Dieu.
Le Christ est donc pour nous le pasteur et la porte. Le guide et le passage. Je vous invite à accueillir, en l’intériorisant, cette double approche du Christ dans nos vies. Il y a en effet une dimension « spirituelle et affective » avec la personne de Jésus qu’il nous faut sinon découvrir, au moins entretenir. Comment entendre, du plus profond de son être, la voix du pasteur, la voix de Jésus ? Le silence de la prière, au milieu des multitudes voix que nous entendons et qui tournent parfois à la cacophonie. Est-ce la voix de Jésus que j’écoute, est-ce son appel que j’entends pour guider ma vie ?
Mais comment savoir si c’est la voix de Jésus qui parle ? Nous pouvons faire à notre tour, l’expérience des disciples d’Emmaüs, en prenant le temps de nous laisser rejoindre par le Christ, en écoutant la voix de son enseignement, en laissant nos cœurs brûler au feu de son amour. C’est en se sachant aimé par le Christ, que nous entendons sa voix.
Est-ce que je me sens aimé par le Christ ? Une foi trop « rationaliste » trop fondé sur le faire et le devoir moral, peut nous empêcher d’entendre la voix de celui qui nous appelle à l’amour de soi et des autres. De plus, ne nous laissons pas distraire par les multiples voix de ceux et celles qui croient connaître le chemin de notre bonheur. Ces voix qui nous parlent d’avoir toujours plus, de faire toujours plus, de démultiplier les loisirs, les droits, les avoirs… Quel chemin périlleux du bonheur. Quel bonheur fragile et éphémère. C’est sans doutes, là un message à entendre de la crise que nous vivons ces jours. Seul le Christ nous conduit vers la Béatitude réelle, profonde et vraie, en Dieu. Nous pouvons parcourir les catéchèses du pape François sur les Béatitudes, qui nous sont envoyées.
C’est aujourd’hui la journée mondiale de prière pour les vocations. Nous pouvons lire le message que le pape François nous adresse à l’occasion de cette journée. Nous sommes invités à prier en particulier pour les vocations sacerdotales, pour que le Seigneur envoie à son Eglise de « bons pasteurs ». L’aventure de la foi n’est pas toujours facile, nous dit le pape François, mais nous ne sommes jamais seuls. , il y a aujourd’hui des vents et des voix contraires au message de l’Evangile hier comme aujourd’hui. « Naviguer vers le juste cap n’est pas une tache qui relève de nos seuls efforts et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire. La réalisation de nous-mêmes et de nos projets de vie (…) n’est pas le résultat de ce que nous décidons dans un « moi » isolé », (…) elle est avant tout dans la réponse à un appel qui vient d’En-Haut.
Prions pour que des jeunes entendent cet appel du Christ dans l’écoute de sa Voix. Le Christ n’abandonne jamais ses apôtres. Le chemin vocationnel de nos jeunes est d’entendre cette voix « Courage, c’est moi n’ayez pas peur » (Matthieu 14,27). Ne les détournons pas de la voie qui les fait entre la Voix. L’Eglise manque cruellement de pasteurs, notre société se détourne de l’Eglise, pour autant, nous avons que celle-ci, à travers les siècles, est une barque où l’on peut se réfugier dans les tempêtes de la vie. L’Eglise est secouée par les tempêtes, les apôtres ne sont pas toujours des plus fiables, pour autant le Christ, bon pasteur et Porte de l’enclos, sait ce qu’il fait. Nous devons être fidèles à ses appels et à sa Parole. La « brebis » appelée et choisie par le Christ, redisons-le, n’est jamais seul. Jésus la porte sur ses épaules.
Père Frédéric Benoist