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Suivez la célébration du Vendredi Saint en vidéo depuis la basilique cathédrale de Saint-Denis avec Mgr Pascal Delannoy, évêque du diocèse de Saint-Denis-en-France.
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Vigile Pascale
Homélie du 11 Avril 2020
« Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre » (Mt 28, 1).
Nous pouvons imaginer les pas de ces femmes : un pas fatigué par tous ces événements de l’avant veille, avec tout son lot de confusions. Un pas de femmes qui n’ arrive pas à se résigner et à se convaincre que toute cette aventure avec Jésus ait pu se terminer de cette manière… Nous pouvons imaginer leurs visages, baignés de larmes… Et la question sous jacente à tout cela : Mais comment est-ce possible que l’Amour soit mort ? Et soit mort dans pareilles circonstances ?
À la différence des disciples, qui dès le procès de Jésus, se sont retirés et enfermés dans leur peur, les femmes sont là – comme elles ont accompagné le dernier soupir du Maître sur la croix et puis Joseph d’Arimathie pour lui donner une sépulture - ; ces deux femmes sont même capables d’affronter leurs propre peur, capables de résister à l’éventuelle arrestation par les soldats qui gardent le tombeau.. ? Mais non, eux aussi ils dorment, comme les disciples le soir du jeudi saint . Et les voici, devant le sépulcre…
En cette vigile pascale, si particulière, nous pouvons peut être imaginer, dans le visage de ces deux femmes de l’évangile, les visages de nombreuses personnes qui viennent d’être touchées par la mort d’un proche, et dans les circonstances si particulières de cette pandémie, sans pouvoir forcément venir se recueillir directement. Nous pouvons imaginer les visages de tant d’hommes et de femmes, visages d’enfants et de jeunes, qui supportent le poids et la douleur de tant d’injustices si inhumaines de notre monde, toutes ces dignités crucifiées. Dans le visage de ces femmes, il ya peut être le mien, éprouvé en ce moment.
Que font ces femmes ? Loin de se résigner, elle se sentent poussées à marcher, à aller de l’avant. C’est sans doutes, ce qu’il faut souhaiter et espérer aujourd’hui de biens d’hommes et de femmes en ces temps si compliqués. Ces femmes se mettent en route, parce qu’au fond d’elles-mêmes, luit la promesse et la certitude de la fidélité de Dieu. Non Dieu ne peut pas abandonner son peuple, même si celui-ci vient de se déchainer contre celui qui se disait Fils de Dieu.
.« Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre » (Mt 28, 2). Subitement, ces femmes ont reçu une forte secousse, quelque chose et quelqu’un a fait trembler la terre sous leurs pieds. Quelqu’un, encore une fois, est venu à leur rencontre pour leur dire : ‘‘N’ayez pas peur’’, mais cette fois-ci en ajoutant : ‘‘Il est ressuscité comme il l’avait dit’… Et il vous précède en Galilée... Allez vite le dire aux disciples ». ET voici que Jésus les accompagne lui même en chemin : allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, c’est là qu’ils me verront ». N’ayez pas peur, soyez sans crainte : c’est une voix qui encourage à ouvrir son cœur pour recevoir l’incroyable annonce.
Redisons-le, après la mort de leur maître, les disciples s’étaient cachés, leur foi brisée. Tout semblait fini, leurs certitudes écroulées, leur espérance éteinte. Mais voilà que cette annonce incroyable des femmes arrive comme un rayon de lumière dans leur obscurité. Petit à petit, la nouvelle se répand : Jésus est ressuscité, il l’avait prédit. Et aussi cet ordre d’aller en Galilée : il est surprenant, et pourtant énoncé deux fois, et par l’ange et par Jésus lui même auprès des femmes.
La Galilée est le lieu du premier appel des disciples, là où tout avait commencé. Visiblement il faut revenir là, au lieu du premier appel… Sur la rive du lac, Jésus était passé et avait appelé des pécheurs en train de réparer leurs filets.
Revenir en Galilée, c’est entendre avec une oreille nouvelle ce que Jésus avait dit à ses disciples lors d’une tempête : n’ayez pas peur ». C’est ce que Pierre s’est laissé entendre dire : sois sans crainte, tu seras pécheurs d’hommes… Oui revenir en Galilée c’est tout cela, c’est revenir sur les prédications, les miracles, les enthousiasmes et les défections des foules, des proches . Mais il faut relire tout cela en partant de la fin : Christ est mort, Christ est ressuscité. C’est un nouveau commencement, fruit d’un suprême acte d’amour de Dieu.
Pour chacune et chacun d’entre nous, il y a une Galilée. Celle de l’origine de mon appel et de ma foi : mon baptême. J’ai une pensée particulière ce soir pour Julie, Duncan , Scotty, que j’aurais dû baptiser, pour les faire entrer dans la Galilée de la foi. Leur cheminement de catéchumènes, qui a été contrarié ces dernières semaines, se fait, et continue de se faire, dans la barque de l’Eglise, qui avance, aujourd’hui, au cœur de cette pandémie, avec tous nos contemporains désorientés, déroutés, mais je l’espère pas résignés.
Aller en, Galilée signifie quelque chose de très beau : c’est découvrir, par notre baptême la source vive de la foi et de notre expérience chrétienne. C’est la que Jésus ressuscité met son empreinte éternelle en moi.
Nous avons aussi à revenir en Galilée : La Galilée de notre foi, le lieu et le moment où je me laisse toucher par la flamme de la Grâce de Dieu qui m’a touché, et qui ne s’est jamais éteinte, même si j’ai pu m’en détourner. Revenir en Galilée, c’est mettre au centre de notre vie, l’Evangile du Christ. Revenir en Galilée, c’est engager des choix de vies que nous devons et pouvons réfléchir en ces temps de confinement.
Le confinement nous fait vivre une étrange Pâques. C’est l’occasion de faire l’expérience d’une Galilée existentielle » : faire l’expérience de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ, qui m’appelle à le suivre et à participer à sa mission . Revenir en Galilée signifie : garder au cœur la mémoire vivante de l‘appel de Jésus dans ma vie. Il marche sur la route de mon existence. Un peu à la manière des disciples d’Emmaüs, je suis peut-être aveuglé, empêché de le voir, à cause des chemins que nous prenons dans nos sociétés modernes et performantes. Mais voilà, elles sont éphémères, fragiles et aujourd’hui ralenties. Revenir en Galilée c’est se laisser regarder avec miséricorde par Jésus. C’est redonner sens à ma vie, en voulant d’abord suivre le Christ, car il est mon sauveur, et il conduit ma vie dans son Eternité.
En cette nuit Pascale, chacun de nous peut se demander : quelle est ma Galilée ? Où est ma Galilée ? C’est vraiment là que le Seigneur m’attend, c’est vraiment là le sens de ma vie.
Père Frédéric Benoist