Méditation du pape François sur la Transfiguration : « une amitié divine qui ne demande rien en échange »
Chers frères et sœurs, bonjour !
Cette prière de l’angélus d’aujourd’hui est un peu étrange, avec le pape “en cage” dans la bibliothèque, mais je vous vois, je suis proche de vous. Et je voudrais commencer aussi en remerciant ce groupe [présent place Saint-Pierre] qui manifeste et qui lutte “Pour les oubliés d’Idlib”. Merci ! Merci pour ce que vous faites. Mais nous prions l’angélus de cette façon aujourd’hui en appliquant des dispositions préventives, afin d’éviter de petites affluences de personnes, qui peuvent favoriser la transmission du virus.
L’Evangile de ce deuxième dimanche de Carême (cf. Mt 17,1-9) nous présente le récit de la Transfiguration de Jésus. Ce dernier prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et il monte sur une haute montagne, symbole de la proximité avec Dieu, pour les ouvrir à une compréhension plus profonde du mystère de sa personne, qui devra souffrir, mourir puis ressusciter. En effet, Jésus avait commencé à leur parler des souffrances, de la mort et de la résurrection qui l’attendaient, mais ils ne pouvaient accepter cette perspective. C’est pourquoi, parvenus au sommet de la montagne, Jésus s’immerge en prière et se transfigure devant les trois disciples : « son visage – dit l’Évangile – devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière » (v. 2).
À travers l’événement merveilleux de la Transfiguration, les trois disciples sont appelés à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu resplendissant de gloire. Ils progressent ainsi dans la connaissance de leur Maître, en se rendant compte que l’aspect humain n’exprime pas toute sa réalité ; la dimension divine et d’un autre monde de Jésus est révélée à leurs yeux. Et d’en haut résonne une voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé […]. Ecoutez-le » (v. 5). C’est le Père céleste qui confirme l’“investiture” – appelons-la ainsi – de Jésus faite au jour de son baptême dans le Jourdain et qui invite les disciples à l’écouter et à le suivre.
Il faut souligner que, parmi le groupe des Douze, Jésus choisit d’emmener avec lui Pierre, Jacques et Jean sur la montagne. Il leur réserve à eux le privilège d’assister à la transfiguration. Mais pourquoi fait-il cette élection de ces trois-là ? Parce qu’ils sont plus saints ? Non. Pierre le reniera à l’heure de l’épreuve ; et les deux frères Jacques et Jean demanderont à avoir les premières places dans son royaume (cf. Mt 20,20-23). Jésus ne choisit pas selon nos critères, mais selon son dessein d’amour. L’amour de Jésus n’a pas de mesure : il est amour, et Il choisit selon ce dessein d’amour. Il s’agit d’un choix gratuit, inconditionnel, d’une initiative libre, d’une amitié divine qui ne demande rien en échange. Et de la même façon qu’il appelle ces trois disciples, aujourd’hui aussi il appelle certains à rester près de lui, pour pouvoir témoigner. Être témoins de Jésus est un don que nous n’avons pas mérité : nous nous sentons inadéquats, mais nous ne pouvons pas reculer avec l’excuse de notre incapacité.
Nous ne sommes pas allés sur le Mont Tabor, nous n’avons pas vu de nos yeux le visage de Jésus briller comme le soleil. Cependant, la Parole du salut nous a été confiée à nous aussi, la foi nous a été donnée et nous avons fait l’expérience, de diverses façons, de la joie de la rencontre avec Jésus. A nous aussi Jésus dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte » (Mt 17,7). En ce monde, marqué par l’égoïsme et par l’avidité, la lumière de de Dieu est assombrie pour les préoccupations du quotidien. Nous disons souvent : je n’ai pas le temps de prier, je ne suis pas capable de rendre un service en paroisse, de répondre aux demandes des autres… Mais nous ne devons pas oublier que le Baptême que nous avons reçu nous rend témoins, non pas de par nos capacités, mais par le don de l’Esprit.
Durant ce temps propice du Carême, que la Vierge Marie nous obtienne cette docilité à l’Esprit, qui est indispensable pour nous mettre résolument en chemin sur la voie de la conversion.
Jésus et la Samaritaine
Jésus s’est arrêté, fatigué. Saint Jean aime à noter souvent la nature humaine de Jésus. Mais il remarque qu’il est assis sur la margelle de la source, et non à même le sol, appuyé sur le puits, non pas dans une position de repos. Il s’est assis là où l’eau une fois puisée, le seau est posé. Il est assis en position de service.
Et quand arrive cette femme, il lui demande d’abord un service : » Donne-moi à boire ». Un service qui est aussi un geste de bonté, car, dans le cœur de la Samaritaine, il y a une grande bonté même si elle ne veut pas paraître ce qu’elle est vraiment.
Il ne discute pas avec elle sur les mérites réciproques des Samaritains et des Juifs de Judée. Il ne fait nulle théologie et refuse la controverse qui aurait fait dévier la réalité profonde de son message. Il va au cœur de la question fondamentale : » Si tu savais le don de Dieu… » Si tu savais par qui peut venir ce don de Dieu. La controverse est en effet inutile : le privilège de Jérusalem a cessé et cette montagne de Samarie n’a plus de signification. Le don de Dieu est « esprit et vérité », et c’est ce qu’il attend de ceux qui l’adorent. L’universalité est en Dieu qui ne dépend ni des lieux, ni des langues, ni des nations.
Tout cela, elle le sait puisqu’elle enchaîne en parlant du Messie « qui fera connaître toutes choses. » Mais l’affirmation de Jésus « Je le suis », ne peut pas encore la convaincre. C’est trop tôt dans sa démarche personnelle et spirituelle. Elle l’a seulement interrogée : « Ne serait-il pas le Messie ? » C’est qu’elle est encore enfermée dans ses problèmes personnels : « Il m’a dit ce que j’ai fait ! »
Nous-mêmes, nous sommes bien comme la Samaritaine quand Jésus nous parle, quand il nous ouvre un avenir insoupçonné…. Il est difficile à prendre le tournant décisif qu’il nous demande d’opérer pour nous situer dans la vérité. Il en est ainsi pour nos frères quand nous voulons les « évangéliser ». Laissons à chacun le temps de la maturation intérieure à la lumière de la grâce. Ne bousculons pas non plus la grâce de Dieu. Craignons que notre parole, ou plutôt nos paroles, ne court-circuitent ce cheminement intérieur.
En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël. Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Épreuve) et Mériba (c’est-à-dire : Querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? » – Parole du Seigneur.
Psaume (Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit. Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Deuxième lecture (Rm 5, 1-2.5-8)
Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. – Parole du Seigneur.
Évangile (Jn 4, 5-15.19b-26.39a.40-42)
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. Je vois que tu es un prophète !... Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus. Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Nous traversons une grave crise sanitaire, au dire des différentes autorités compétentes, nous n’en sommes qu’au début. La plus grande arme pour lutter contre le virus est la prudence et l’application des consignes élémentaires d’hygiène que nous avons rappelées depuis maintenant deux semaines dans notre église. Nous devons respecter ces règles en vue de protéger tous et chacun.
La situation et les consignes sanitaires évoluent de jour en jour et même d’heure en heure. Il est difficile de prendre des mesures catégoriques. Et pourtant… Je prendrai mes responsabilités, en respectant à la lettre toutes les consignes qui me seront demandées, en vue du principe de prudence, mais pas de peur. Chacune et chacun d’entre nous saura aussi, en conscience, adapter une juste attitude en vue du bien de tous.
Notre église est toujours ouverte et le restera pour la prière de chacune et chacun. Nous pouvons venir confier dans notre prière, toutes celles et ceux qui se mobilisent pour traiter cette maladie, nos médecins, tous les personnels des hôpitaux. Nous pouvons aussi prier pour toutes les victimes de cette maladie et leurs familles. Cela ne doit pas nous faire oublier toutes les autres souffrances et misères de notre monde, dont les médias s’abstiennent aujourd’hui de parler : je pense à tous les conflits qui déracinent des familles entières, particulièrement au Moyen Orient.
Confions-nous à la prière de Notre-Dame de la Consolation. Nous pouvons nous unir à la neuvaine de prière que propose les sanctuaires de Lourdes. (Je vous renvoie au site de la Conférence des Évêques de France).
En ce temps du Carême nous sommes invités à nous tourner avec confiance vers l’Auteur de la Vie. Lui seul peut raviver notre Espérance. Celle-ci surpasse nos réalités fragiles et humaines : Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance (Jérémie 17,7). D’une telle crise, sans doute devrons-nous tirer des conséquences. Mais pour l’instant accompagnons et vivons la situation de la crise.
Je vous renouvelle ma fidélité et vous assure de ma prière
Père Frédéric Benoist, curé de la paroisse
Quelques conséquences pour notre paroisse :
1) Dans notre paroisse, les rassemblements avec les enfants sont reportés jusqu’à nouvel ordre. Cependant, sauf avis contraire des autorités, j’inviterais chaque catéchiste à voir s’il juge opportun, en lien avec les parents des enfants, d’organiser une rencontre en petite équipe, ce dans un délai de 15 jours révolus.
2) Les réunions d’adultes sont laissées à l’appréciation de chacun. J’invite toute personne vulnérable à être très prudente et à éviter un contact extérieur. Pour les autres, je demanderai que soient respectées strictement les règles sanitaires fondamentales et les consignes données par les autorités civiles de notre pays.
3) L’église Notre-Dame reste ouverte au public. Des indications précises pour les messes et les différents offices vont sans doute être décidées très prochainement.
4) Ne nous isolons pas dans la peur, soyons les uns et les autres attentifs aux personnes plus vulnérables ou isolées. Les moyens de communication moderne que sont le téléphone ou parfois internet sont plus que recommandés en ce sens.